Pêches sentinelles - Engins de pêche
L’utilisation de ces engins de pêche dans les pêches sentinelles du nord du golfe Saint-Laurent permet de calculer des indices d’abondance complémentaires dans le temps, l’espace et la taille de morues échantillonnées. Le chevauchement spatio-temporel entre les engins fixes (palangres et filets maillants) et mobiles (chaluts) en juillet et octobre, permet d’avoir une image complète du nord du golfe. L’ensemble des échantillonnages rend possible le suivi de la migration et autres caractéristiques biologiques (alimentation, condition.) de différentes tailles de morues sur l’ensemble du territoire.
Palangres
La palangre est tout simplement une ligne d’hameçons appâtés que l’on laisse dériver ou que l’on mouille au moyen d’un ancrage sur le fond de l’océan ou à diverses profondeurs selon l’espèce que l’on s’efforce de capturer. Cette méthode connaît un regain de popularité par suite des améliorations apportées à la méthode, qui ont réduit les tâches manuelles de halage et d’amorçage des hameçons, ainsi que l’espace nécessaire à l’entreposage de l’équipement. Ces améliorations permettent aux pêcheurs de mouiller plus de lignes et de faire ainsi concurrence à d’autres formes de pêche. En outre, ils peuvent être plus sélectifs et débarquer du poisson de qualité supérieure. Les pêcheurs des provinces atlantiques s’en servent surtout pour pêcher les poissons de fond tels la morue, le merlu, l’aiglefin et le flétan. (MPO. 1989. Les méthodes de pêche de l’Atlantique, Le monde sous-marin. 12 p.).
Filets maillants
Les filets maillant sont utilisés le long des côtes de l’Atlantique pour capturer de nombreuses espèces de poissons, en particulier le poisson de fond, les espèces pélagiques anadromes comme le saumon, l’éperlan et le gaspareau. Ils sont composés essentiellement de mailles en monofilament et sont munis soit de flotteurs, soit de lest plombés qui les maintiennent dans l’eau. Les poissons sont retenus dans les mailles des filets par leurs branchies en tentant vainement de s’en dégager.
Les filets, ancrés sur le fond marin de façon à maintenir l’engin fixe, sont dotés à chaque extrémité de bouées qui flottent à la surface de l’eau. Ces bouées indiquent l’emplacement de l’engin et, à qui il appartient. Elles comportent une ligne qui permettra de ramener l’engin à la surface pour récupérer les poissons capturés. Les filets peuvent être mouillés à diverses profondeurs, selon la zone fréquentée par l’espèce exploitée. Si les filets ne sont pas ancrés, ils peuvent dériver à la surface de l’eau. Les pêcheurs ont l’habitude de mouiller plusieurs filets à la fois pour plus d’efficacité.
Le maillage des filets diffère selon l’espèce et la taille du poisson que l’on veut capturer. (MPO. 1989. Les méthodes de pêche de l’Atlantique, Le monde sous-marin. 12 p.)
Trappes à morues
Le principe de la trappe est quelque peu similaire à celui de la fascine et on l’utilise surtout à Terre-Neuve. La trappe se compose de filets ayant la forme d’une boîte ouverte sur le dessus dont le périmètre mesure de 11 à 22 mètres et qui comporte une ouverture verticale sur un de ses côtés. La trappe est mouillée sur le fond de l’océan, habituellement à proximité du rivage, la porte faisant face aux eaux peu profondes.
Des bouées sur la ralingue supérieure et une ancre placée à chaque coin la maintiennent en place. Une longue barrière de filets, ou filets conducteur, est déployée depuis les eaux peu profondes jusqu’à l’entrée de la trappe. La morue suit. Elle entre alors dans la trappe. Une fois à l’intérieur, elle essaie de s’échapper, mais tend à nager en décrivant des cercles et en tournoyant sans pouvoir retrouver la sortie.
Pour vider la trappe, les pêcheurs ferment la porte puis la ramènent à la surface. Le filet est ensuite hissé en travers du bateau de façon à concentrer le poisson dans un coin de la trappe d’où on le retire à l’aide d’une épuisette. Un morutier va utiliser jusqu’à cinq trappes, mais le plus souvent il en mouille trois ou quatre. (MPO. 1989. Les méthodes de pêche de l’Atlantique, Le monde sous-marin. 12 p.).
Chalut
Cet engin se compose de filets en formes de cônes qui sont traînés sur le fond de l’océan pour capturer de nombreuses espèces de poissons de fond. On les appelle « chaluts à panneaux » à cause des portes ou panneaux maintenus latéralement par des câbles qui en règlent l’ouverture, lorsque remorquée par le bateau. L’ouverture à la verticale est assurée par des flotteurs et des contrepoids placés sur les ralingues supérieures et inférieures et par la pression de l’eau lors du remorquage.
Les poissons sont emprisonnés au sommet du cône, ou cul-de-chalut, où le maillage ne laisse passer que les petits poissons. Le chalut, par le fond, roule sur des disques semblables à des roues. Au bout d’un certain temps, le chalut est hissé par la rampe à l’arrière du bateau. Le cul-de-chalut est sorti de l’eau et est suspendu au-dessus du pont. On dénoue alors le raban et les prises tombent sur le pont du bateau où elles sont saignées, éviscérées puis entreposées dans la cale. (MPO. 1989. Les méthodes de pêche de l’Atlantique, Le monde sous-marin. 12 p.).
Spécificités pour les pêches sentinelles
La palangre est utilisée dans le cadre des pêches sentinelles du nord du golfe Saint-Laurent pour établir un indice d’abondance annuel de la portion adulte du stock de morue. Comme le déploiement respecte les sites et saisons traditionnels de pêche, l’utilisation de cet engin de pêche permet de respecter les connaissances traditionnelles des pêcheurs impliqués. Cet engin est le seul utilisé dans la zone de pêche 3Pn et son utilisation diminue graduellement à mesure que l’on remonte la côte ouest de Terre-Neuve (4Rd, 4Rc, 4Rb, et 4Ra). Il n’est pas fréquemment utilisé sur la Basse Côte-Nord du Québec (4Sw, 4Sv) alors qu’il ne l’est pas du tout dans les zones 4Sy et 4Sz.
Les filets maillants sont aussi utilisés dans le cadre des pêches sentinelles du nord du golfe pour établir un indice d’abondance annuel de la portion adulte du stock. Comme la palangre, le déploiement respecte les sites et saisons traditionnels de pêche, l’utilisation de cet engin de pêche permet aussi de respecter les connaissances traditionnelles des pêcheurs impliqués. Son utilisation par les pêcheurs du programme est à l’inverse de l’utilisation de la palangre, dominant dans les zones 4S, fréquemment utilisé dans les zones 4R et n’est pas utilisé dans la zone 3Pn . Ceci permet donc d’avoir une vue complémentaire de la situation.
Les trappes à morues ont aussi été utilisées dans les pêches sentinelles du nord du golfe comme engin de pêche privilégié pour procéder au marquage de la morue. Cet engin a l’avantage de capturer de plus petites morues. Présentement, le marquage se fait à l’aide de lignes à main. Les re-captures des individus marqués permettent donc d’évaluer la croissance, les voies migratrices et même l’abondance du stock. Les morues capturées à l’aide de trappes sont vigoureuses et remises à l’eau dans des conditions environnementales idéales à leur survie.
Les chaluts sont aussi présents dans les pêches sentinelles du nord du golfe. Ces engins ont l’avantage de pouvoir être utilisés sur l’ensemble du territoire, de 20 brasses (120 mètres) à plus de 200 brasses (1200 mètres) de profondeur. Contrairement aux engins fixes (trappes, filets maillants et palangre) leur déploiement suit un protocole scientifique rigoureux. Les 9 chalutiers participants sont munis de doublure dans le cul du chalut pour capturer des morues aussi jeunes qu’un an, permettant ainsi d’évaluer l’importance de ces nouvelles recrues. Les 9 chaluts ont été calibrés par un système Scanmar pour diminuer l’intervariabilité. Ces 9 chalutiers effectuent deux relevés annuels, un premier en juillet et un second en octobre. Les positions de pêche sont déterminées à l’avance par le personnel de Pêches et Océans et chaque pêcheur doit chaluter un nombre de stations précis. Le chalut est donc utilisé pour établir deux indices annuels d’abondance de la morue qui incluent des indices d’abondance de très jeunes individus ainsi que pour la portion exploitable commercialement.