Réseau des observateurs du capelan – Biologie
Mode de reproduction
Vous avez vu le capelan rouler ? Saisissez votre observation
À l’approche de la période de reproduction, le capelan migre vers les côtes pour frayer soit sur les plages ou sur les fonds marins, à une profondeur variant de 30 à 280 m. Lorsque le capelan se reproduit sur les grèves, on dit qu’il « roule ou atterrit » sur les plages de sable ou de gravier fin. Dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, le capelan roule sur les côtes entre la mi-avril et le mois de juillet selon le secteur, alors que la température de l’eau oscille entre 6 et 10 °C. La fraie se déroule habituellement durant la nuit.
Au début de la fraie, les capelans forment deux bancs distincts, soit un composé de mâles qui atteignent les plages en premier et attendent la venue des femelles qui se tiennent plus au large. Lorsque celles-ci rejoignent les mâles, la reproduction débute. Les mâles pressent les côtés des femelles pour en faire ressortir les œufs. Grâce à de grands mouvements de la nageoire caudale, ils déposent les œufs fécondés dans le sable ou de gravier. Les œufs y sont fixés par une substance adhésive qui les recouvre. Ils sont ainsi à l’abri des mouvements des marées et de la prédation.
Après la fraie, il n’est pas rare d’observer des quantités considérables de capelans morts sur la plage ou dans l’eau, particulièrement les mâles qui se blessent lors des accouplements répétés
Développement embryonnaire du capelan (à gauche : œufs; à droite : larves)
La période d’incubation des œufs, qui dépend de la température ambiante, dure en moyenne une quinzaine de jours. Après l’éclosion, les larves se nourrissent de plancton animal, constitué de minuscules crustacés. Les juvéniles de capelan atteindront une taille de 2 à 4 cm avant leur premier hiver.
Habitudes de fraie du capelan
Depuis sa création, le ROC a rassemblé 1713 observations, dont 913 observations d’activité de fraie, 390 observations de signes de présence du capelan et 383 observations de nature indéterminée, qui ne précisent pas si le capelan fraie ou pas. Les informations obtenues comme la date et l’heure de l’observation, les conditions de la marée et le type de frayère permettent de dégager des tendances qui aident à répondre à quelques-unes de ces questions :
- le capelan fraie-t-il plus souvent la nuit?
- profite-t-il de la marée haute?
- quel type de substrat préfère-t-il?
Période du jour
Le capelan semble frayer plus souvent à l’obscurité, du moins lorsque l’activité s’effectue le long du littoral. Les données du Réseau montrent que la fraie a été observée plus souvent la nuit, soit 79 % des observations entre 18 h et 5h59, que pendant le reste de la journée.
Pourcentage des observations de fraie du capelan selon la période du jour
Période du jour | Nombre d’observations | Pourcentage (%) |
---|---|---|
Jour (entre 6 h et 17 h 59) | 160 | 21 |
Nuit (entre 18 h et 5 h 59) | 618 | 79 |
(Nombre d’observations de la fraie de 2002 à 2013 avec informations sur l’heure = 778)
Marées
Lorsque l’on compare les mentions d’observation de fraie avec les données de marées, on constate qu’il y a près de 14 % plus de fraie de capelan pendant la marée montante que pendant la marée baissante (Figure ci-dessous).
Pourcentage (%) d’observations de la fraie du capelan selon le cycle de la marée
MPO, 2004. Capelan de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent (4RST) en 2003. Secrétariat canadien de consultation scientifique du MPO, Rapport sur l’état des stocks 2004/001.
Distribution
Le capelan est un petit poisson des eaux froides de l’hémisphère nord. On le retrouve dans les océans Atlantique, Pacifique et Arctique, du nord de l’Europe au nord du Japon, en passant par la Russie. Au Canada, son aire de distribution englobe aussi bien la côte ouest que la côte est. Dans l’Atlantique Nord-Ouest, on le retrouve le long des côtes de Terre-Neuve et du Labrador, sur les Grands Bancs ainsi que dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Fait intéressant, l’aire de distribution du capelan peut varier localement d’une année à l’autre en fonction de la température de l’océan. On le considère même comme une espèce thermomètre. Pendant les années où l’eau est plus froide, l’aire de distribution du capelan s’étend un peu plus vers le sud, parfois jusqu’au golfe du Maine.
Distribution mondiale du capelan1
Une étude récente2 a révélé qu’une grande diversité génétique existe chez les capelans. L’analyse de l’ADN (mitochondrial) de capelans provenant des trois océans a mis au jour l’existence de quatre grands groupes distincts répartis comme suit :
- Nord-ouest de l’Atlantique incluant la baie d’Hudson
- De l’ouest du Groenland jusqu’à la mer de Barents (nord de la Norvège et de la Russie)
- Océan Arctique
- Nord-est du Pacifique
- Source : Froese, R. and D. Pauly. Editors. 2009. FishBase. www.fishbase.org, version (10/2009).
- Dodson, J.J. et al. Blackwell Publishing Ltd Trans-Arctic dispersals and the evolution of a circumpolar marine fish species complex, the capelin (Mallotus villosus). Molecular Ecology (2007) 16, 5030–5043.
Habitat
Lorsqu’il est temps de se reproduire, le capelan amorce une migration intensive vers la côte et entreprend la ponte sur les plages ou en eaux profondes (jusqu’à 280 mètres de profondeur).
Fraie sur la plage
La grande majorité des observations rapportent que la fraie se produit sur des plages de sable (79 %, voir tableau ci-dessous). Les données recueillies ne spécifient cependant pas le diamètre du substrat. La quasi-totalité des observations de fraie restantes notées l’ont été sur des plages de gravier/galet.
Lorsque le capelan se reproduit sur les berges, on dit qu’il « roule ou atterrit » littéralement sur les plages de sable ou de gravier fin. La ponte se produit principalement lorsque la température de l’eau se situe entre 6 et 10 °C et s’observe plus fréquemment la nuit. Dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, le capelan « roule » sur les côtes entre la mi-avril et le mois de juillet. Il profite des marées pour atteindre la grève.
Pourcentage des observations de fraie du capelan selon le type de substrat
Substrat | Nombre d’observations | Pourcentage (%) |
---|---|---|
Sable | 617 | 79 |
Gravier | 141 | 18 |
Galets | 16 | 2 |
Roche mère | 3 | <1 |
Vase | 1 | <1 |
(Nombre d’observations de la fraie entre 2002 et 2013 avec information sur le substrat = 778)
Sur les sites de ponte, les capelans forment des bancs de sexe différent. Les mâles atteignent les plages en premier et attendent la venue des femelles. À l’arrivée des femelles, les mâles s’y agrippent et ensemble, ils vont creuser le sol à l’aide de vifs mouvements de la queue pour y déposer les œufs ainsi que la laitance du mâle. Une substance collante présente sur les œufs couleur rougeâtre leur permet de rester fixés au sable ou gravier jusqu’à l’éclosion des larves. À la suite de cette activité intense, le capelan peut rester inactif quelques secondes avant de reprendre la direction de la mer. Une grande proportion de capelans meurt (plus de 90 %) après la reproduction, particulièrement les mâles qui se blessent lors des accouplements répétés sur le sable ou le gravier. Après la fraie, il n’est pas rare d’observer des quantités considérables de capelans morts sur la plage ou dans l’eau.
Lorsqu’il roule, le capelan dégage une odeur caractéristique de concombre qui permet aux riverains de détecter sa présence.
Capelans transportés par une vague (Photo : Louise Proulx)
Oeufs de capelan
Fraie en profondeur
Les frayères en profondeur présentent aussi des fonds de gravier et de sable et doivent être situées à un endroit qui permet une bonne oxygénation des œufs. Les frayères peuvent se retrouver à des profondeurs variant de quelques mètres à 280 mètres.
Capelans sur différents types de substrat utilisés pour la fraie (sens horaire : sable, gravier, roche mère et galets)