Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs – RIPE – Information sur les données
Terrain
L’inventaire des communautés ichtyologiques rencontrées au niveau de l’estuaire fluvial et de l’estuaire moyen est réalisé à l’aide de trappes fixes utilisées pour l’anguille. Ainsi, dépendamment des sites, la période d’échantillonnage débute approximativement vers la fin avril et s’étend généralement jusqu’à la fin octobre. De plus, au début de la période d’échantillonnage, un thermographe est installé afin d’enregistrer la température de l’eau tout au long de la période sur laquelle s’étend la collecte des données (sauf au site de Saint-Nicolas1). À raison d’une à deux fois par jour, lors des marées basses, un échantillonneur visite la trappe fixe afin d’y dénombrer le nombre de poissons présents à l’intérieur de l’engin de pêche. L’échantillonneur doit également identifier à l’espèce les poissons qui s’y retrouvent avant de les remettre à l’eau. À chaque semaine (une fois aux deux semaines pour la station de Saint-Nicolas), une marée est ciblée pour laquelle l’échantillonneur récupère et congèle l’ensemble des captures présentes dans l’engin de pêche dans le but que ces spécimens soient traités en laboratoire à des fins d’analyse.
Concernant les lectures des températures du site de Saint-Nicolas, les données proviennent de l’usine de filtration d’eau de la ville de Lévis.
Historique de la pêche à la fascine.
D’un point de vue historique, l’invention des pêches à fascine remonte à une époque bien lointaine (Roy et al. 1977). En effet, au Canada, les peuples indigènes utilisaient cette méthode de pêche, et ce, bien avant l’arrivée des premiers Européens au pays. Les historiens de même que les explorateurs faisaient d’ailleurs mention dans les récits de leurs voyages de l’observation de tels engins chez les Amérindiens au début des années 1600. Par la suite, un peu plus tard au 17e siècle, les premiers colons français qui se sont établis le long de la rive sud du Saint-Laurent n’ont pas tardé à construire et à ériger des pêches à fascine et à vouloir exploiter les richesses que présentaient le Saint-Laurent ainsi que ses affluents. Au fil du temps, de plus en plus de familles se sont elles aussi établies sur les rives du Saint-Laurent afin de pouvoir y vivre de la pêche. À l’origine, les guideaux formant les pêches à fascine étaient fabriqués à partir d’osier ou d’aulne entrelacé et créaient ainsi une barrière empêchant les poissons de s’échapper. D’un point de vue pratique, les pêches à fascine ont peu à peu cédé leur place à l’utilisation des trappes fixes au cours des 50 dernières années. Ces dernières sont plutôt composées d’un treillis métallique ou d’une paroi de filets. De nos jours, quelques engins de pêches, qui ont été exploités de père en fils, sont toujours opérationnels le long des rives du Saint-Laurent.
Fonctionnement de la trappe fixe
Description et fonctionnement de la trappe fixe
Chaque année, pendant l’été, des trappes fixes positionnées de façon perpendiculaire à la rive sont installées à l’intérieur de la zone intertidale. Ces engins de pêche, qui existent depuis des siècles déjà, sont utilisés afin de capturer les anguilles d’Amérique au moment de leur migration. D’autre part, ces engins permettent également de capturer une grande variété de poissons.
D’un point de vue technique, les trappes fixes sont formées d’un ou plusieurs guideaux de même que d’un ou plusieurs coffres de rétention. Ces derniers sont disposés en alternance de façon à suivre un patron de type «zig zag» et de former un entonnoir au niveau du coffre (voir figure ci-contre). Ainsi, lorsque la marée monte, les poissons remontent suivant le courant et longent alors les parois de l’engin pour finalement se retrouver à l’intérieur du coffre où ils seront récupérés par le pêcheur.
Analyse en laboratoire
Au moment de l’expertise, les données transmises par les échantillonneurs sont d’abord vérifiées et validées au laboratoire puis, selon les espèces (voir tableau ci-dessous), des données biométriques (longueur, poids) sont compilées et certaines structures calcifiées permettant l’analyse de l’âge des spécimens sont également prélevées (écailles, opercules, otolithes, etc. [voir photos ci-dessous]). Le sexe de même que le stade de maturité sont aussi déterminés pour certains des spécimens recueillis. De plus, les observations de pathologies chez les spécimens (déformations, érosions, lésions et tumeurs [voir photos ci-dessous]) sont répertoriées et ces dernières sont également transmises à un laboratoire vétérinaire afin d’y être analysées. À chaque année, en collaboration avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement de la Faune et des Parcs, une liste de spécimens est préalablement établie et sert à l’analyse de la chair des poissons afin d’y déceler la présence de contaminants (par ex. : BPC, métaux lourds).
L’ensemble des données récoltées sur le terrain et en laboratoire sont saisies dans une base de données créée à cet effet. Par la suite, ces données servent, entre autres, à estimer la composition spécifique de chacun des sites de même que l’abondance relative des poissons rencontrés aux différents sites. L’abondance relative étant ici la mesure du nombre total des individus d’une espèce par rapport à l’ensemble des captures sur le territoire visé.
Conclusion
Après seulement quatre années d’activité, le RIPE a permis d’inventorier des centaines de milliers de poissons, de une à deux fois par jour, et ceci sur quatre sites, couvrant ainsi une large fenêtre spatio-temporelle. Il permet d’évaluer de façon continue et standardisée l’état des communautés de poissons de l’estuaire, d’évaluer la diversité en espèces, de dresser le portrait des différentes communautés d’intérêt sportif (structure de taille et d’âge) et d’estimer leurs fluctuations d’abondance.
Stations d’échantillonnage
Description
Au cours des dernières décennies, les stocks d’anguilles ont régressé considérablement dans l’estuaire du Saint-Laurent, et ce, à un point tel où le gouvernement du Québec a pris la décision de mettre sur pied un programme de retrait volontaire des engins de pêche. Depuis la campagne de rachat des droits de pêche lancée par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) en 2009, seulement une quarantaine d’engins sont actuellement autorisés.
La station de Cap-Santé, qui se situe du côté nord du Saint-Laurent, était anciennement opérée par un pêcheur commercial ayant remis ses droits lors du rachat des permis de pêche à anguille en 2009. Cette station est désormais opérée par un technicien de la faune engagé par le MRNF.
La station de Saint-Nicolas constitue quant à elle une pêche scientifique appartenant à l’Aquarium du Québec. C’est également l’Aquarium qui assure la coordination des opérations de cet engin de pêche. Cette pêche, en opération depuis 1964 et localisée du côté sud du Saint-Laurent en amont du pont Pierre-Laporte, a permis de récolter annuellement un grand nombre de données sur les communautés de poissons du Saint-Laurent.
Quant aux stations de Saint-Irénée et de Rivière-Ouelle, les opérations d’échantillonnages sont assurées par des pêcheurs commerciaux (anguilles et/ou harengs et capelans…) qui procèdent quotidiennement à l’inventaire des captures se trouvant à l’intérieur de leurs engins de pêche. Ces deux stations sont réparties respectivement sur les rives nord et sud du Saint-Laurent.