Banque informatisée des oiseaux marins du Québec – Espèces
Banque informatisée des oiseaux marins du Québec – Espèces
- Cormoran à aigrettes
- Eider à duvet
- Fou de Bassan
- Goéland à bec cerclé
- Goéland argenté
- Goéland marin
- Grand cormoran
- Guillemot à miroir
- Guillemot de Brünnich
- Guillemot marmette
- Macareux moine
- Mouette rieuse
- Mouette tridactyle
- Océanite cul-blanc
- Petit pingouin
- Plongeon catmarin
- Sternes
- Sterne caspienne
- Sterne de Dougall
Cormoran à aigrettes
Nom latin : Phalacrocorax auritus | Nom anglais : Double-crested Cormorant
Le Cormoran à aigrettes se retrouve autant en eau salée que saumâtre ou douce, et niche principalement dans les régions côtières mais aussi en périphérie des lacs à l’intérieur des terres. À leur retour de l’aire d’hivernage située sur la côte est américaine jusqu’au golfe du Mexique, les Cormorans à aigrettes deviennent omniprésents dans tout le système du Saint-Laurent, et affectionnent particulièrement les îles comme site de reproduction. Les nids faits d’amas de branches sont construits soit dans les arbres, sur des corniches ou directement au sol. La taille de la ponte est en moyenne de 3 ou 4 œufs. Après 24 à 29 jours d’incubation par les deux parents, les jeunes naissent complètement dépourvus de duvet. Ils croissent rapidement et peuvent voler vers l’âge de 5 à 6 semaines. Cet oiseau plongeur se nourrit principalement de poissons capturés près des fonds marins. Son régime alimentaire varié comprend des poissons tels le Capelan, le Lançon d’Amérique, des sigouines, le Hareng atlantique, des chaboisseaux, ainsi que des crustacés, mollusques et vers marins.
Dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, les colonies sont de taille variable et comptent parfois jusqu’à 1 500 couples. Les populations de cormorans ont connu une croissance importante durant les années 1970 et 1980 au Québec. Pour limiter les dommages que l’espèce cause à la végétation de certaines îles, un programme de contrôle de la population a été mis en place entre 1989 et 1992 dans l’estuaire, ce qui explique le déclin de certaines colonies dans cette région.
Eider à duvet
Nom latin : Somateria mollissima | Nom anglais : Common Eider
Ce gros canard de mer niche au Québec dans les îles de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent, de la baie James, de la baie d’Hudson et de la baie d’Ungava. Il est prisé non seulement par les chasseurs à cause de sa chair mais également par ceux qui récoltent le duvet dont les propriétés d’isolation permettent de fabriquer des vêtements d’hiver (entre autres). La femelle pond en moyenne de 3 à 5 œufs, et l’incubation durera en moyenne 26 jours. Une fois les œufs éclos, la femelle entraînera les jeunes nidifuges vers les rives garnies d’algues marines où abondent les littorines, amphipodes et gammares. Les Moules bleues et les oursins font également partie du menu des adultes plus particulièrement durant la saison de la mue et en période hivernale. Après la saison de nidification, les populations d’Eider à duvet de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent se rendront sur les côtes de la Nouvelle-Écosse et de la Nouvelle-Angleterre pour y passer l’hiver. Par contre, des groupes d’eiders en provenance de la côte du Labrador et de la baie d’Ungava viendront hiverner le long de la Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent, particulièrement dans le secteur de l’archipel de Mingan où on a déjà dénombré jusqu’à plus de 100 000 individus entre les mois de janvier et mars. Des groupes importants sont également présents autour de certains secteurs de l’île d’Anticosti en hiver.
Près de 25 000 couples d’Eider à duvet nichent dans l’estuaire du Saint-Laurent. La plus grosse colonie est située à l’île Bicquette où on a déjà dénombré plus de 10 000 nids. Les effectifs de l’estuaire sont relativement stables, quoique légèrement à la baisse. Le nombre de nicheurs sur la Côte-Nord a de son côté nettement progressé depuis les années 1980 et compterait maintenant plus de 15 000 couples.
Fou de Bassan
Nom latin : Morus bassanus | Nom anglais : Northen Gannet
Le Fou de Bassan fréquente les eaux marines de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent de la fin mars jusqu’au mois de novembre et exceptionnellement en décembre. Il niche sur les falaises et le plateau supérieur des îles bien exposées au vent pour mieux prendre son envol. Cette espèce ne pond qu’un seul œuf dont l’incubation durera en moyenne 44 jours. Le jeune Fou de Bassan sera nourri par le mâle et la femelle durant une période pouvant varier de 82 à 99 jours. Les principales proies du Fou de Bassan nichant dans le golfe du Saint-Laurent sont le Maquereau bleu, le Hareng atlantique et le Capelan et le Lançon d’Amérique. Après la saison de nidification, nos Fous de Bassan descendent le long de la côte est américaine et passeront l’hiver du Maine jusqu’en Floride et dans le golfe du Mexique.
On dénombre 6 colonies de Fou de Bassan en Amérique du Nord, dont 3 sur la côte est de Terre-Neuve et 3 dans le golfe du Saint-Laurent (Québec). La plus grosse colonie est située à l’île Bonaventure où on a dénombré près de 60 000 couples en 2009. La même année on comptait près de 30 000 couples à rochers aux Oiseaux (Îles de la Madeleine) et 221 à la pointe nord-est de l’île d’Anticosti. Les effectifs des deux principales colonies du golfe Saint-Laurent ont considérablement augmenté entre 1976 et 2009.
Goéland à bec cerclé
Nom latin : Larus delawarensis | Nom anglais : Ring-billed Gull
Reconnu nicheur pour la première fois en 1953 dans la région de Montréal, le Goéland à bec cerclé est maintenant l’espèce de Laridé la plus répandue du Québec méridional. Le long du Saint-Laurent, ses colonies regroupent plusieurs milliers de couples généralement sur des îles, des terrains à vocation industrielle près des grandes villes et plus rarement sur les toitures d’édifices. Dans les régions agro-forestières, il niche sur les îles des lacs ou des grands réservoirs formant des regroupements de moins de 100 couples. Le régime alimentaire des poussins est le reflet de l’abondance locale des ressources naturelles et surtout artificielles. Dans les colonies situées dans les régions de Montréal et de Québec, on a déterminé que les déchets d’origine domestiques peuvent contribuer pour environ 30 à 40% du régime. Les insectes, les lombrics, les poissons et les petits mammifères complètent l’alimentation. Bien qu’un très petit nombre d’individus hivernent régulièrement dans la région de Montréal, l’ensemble de la population migre vers la côte est américaine où elle se disperse des états de la Nouvelle-Angleterre à la péninsule de la Floride.
Le Québec méridional compte une douzaine de colonies réparties le long du Saint-Laurent. Entre 1979 et 1991, la population a triplé passant de 36 000 à environ 125 000 couples. Elle a depuis diminué légèrement. La tendance de la petite population se reproduisant sur la Basse-Côte-Nord apparaît plutôt variable.
Goéland argenté
Nom latin : Larus argentatus | Nom anglais : Herring Gull
Le Laridé le plus ubiquiste du Québec. Il niche le long du littoral du Saint-Laurent y compris le cours fluvial, sur les îles des lacs de la forêt boréale et des secteurs agro-forestiers. Le nid est généralement au sol bien qu’il peut être construit sur les toitures des édifices, ou plus exceptionnellement dans les conifères. Sa nidification ressemble à peu de chose près à celle du Goéland marin si ce n’est que l’éclosion a lieu quelques jours plus tard en saison et que la période d’élevage est légèrement plus courte. Selon les régions, les adultes rapporteront une variété impressionnante d’items alimentaires d’origine marine, terrestre ou domestique à leurs poussins. Dans le golfe, le Lançon d’Amérique et le Capelan sont la base de l’alimentation des jeunes et probablement des adultes. En hiver, on observe l’espèce régulièrement dans le golfe et l’estuaire notamment dans le secteur de Tadoussac. Toutefois, on sait que la majeure partie de la population migre aux États-Unis.
La population de Goélands argenté a connu une hausse substantielle au cours de la période allant de 1960 à 1990 mais depuis, on a observé des baisses importantes dans presque toutes les régions du Québec. On croit que la baisse drastique des déchets de poissons rejetés à la mer suite aux différents moratoires sur la pêche commerciale et des changements océanographiques seraient parmi les facteurs pouvant expliquer ce changement de tendance. Quoiqu’il en soit, les plus récentes informations permettent d’évaluer à près de 30 000 couples la population se reproduisant le long des côtes du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent.
Goéland marin
Nom latin : Larus marinus | Nom anglais : Great Black-backed Gull
Résident permanent le long du Saint-Laurent, le Goéland marin niche en solitaire ou en colonies, le plus souvent en compagnie de d’autres espèces de goélands et de l’Eider à duvet. Il établit son territoire à des endroits élevés où la végétation ne nuit pas à sa surveillance. Le nid, une dépression garnie de végétation, de plumes et d’autres matériaux, contient généralement 3 œufs. Les adultes assument la couvaison pendant environ 27 jours. Les jeunes nidifuges sont élevés pendant une période variant entre 55 et 65 jours pendant laquelle ils seront nourris d’items variés (poissons, invertébrés, fruits, déchets d’origine domestiques, oiseaux etc.) reflétant le caractère opportuniste de l’espèce. À l’automne, une bonne partie de la population migre probablement vers les côtes des provinces maritimes et de la Nouvelle-Angleterre, bien qu’un certain nombre d’individus hivernent dans le golfe, l’estuaire et le cours fluvial en amont de Québec.
On évalue la population reproductrice le long des côtes du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent à environ 4 500 couples. À l’instar du Goéland argenté, l’espèce a connu un essor démographique important des années 1960 à la fin des années 1980, cependant elle a généralement décliné par la suite.
Grand cormoran
Nom latin : Phalacrocorax carbo | Nom anglais : Great Cormorant
Le Grand Cormoran est une espèce essentiellement marine. Il niche en colonie bien que les nids soient généralement assez distants les uns des autres selon la configuration des falaises. Le nid, réutilisé chaque année, contient généralement 3 à 5 œufs qui seront incubés par les deux adultes. L’éclosion est asynchrone. Les jeunes sont nourris de poissons de faible valeur économique comme le Lançon d’Amérique, l’Éperlan arc-en-ciel et la Tanche-tautogue. Une partie de la population hiverne sous nos latitudes notamment dans la baie des Chaleurs, toutefois on ignore la destination exacte des effectifs restants.
On compte près de 20 colonies de cette espèce en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et sur la Basse-Côte-Nord, regroupant environ 1 000 couples. La majeure partie des effectifs se retrouve aux Îles-de-la-Madeleine, tandis que la toute petite population de la Gaspésie est en croissance depuis 1979.
Guillemot à miroir
Nom latin : Cepphus grylle | Nom anglais : Black Guillemot
Ce petit Alcidé, bien réparti dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent, niche en petites colonies dispersées. Les falaises côtières sont utilisées comme site de nidification, de même que les cavités, crevasses, fissures, ou éboulis de roches sur les îles à l’abri des prédateurs terrestres. Le Guillemot à miroir se distingue des autres alcidés du Saint-Laurent : il niche rarement avec eux en colonie mixtes, son corps est tout noir (alors que les dessous sont tout blancs chez les autres), et il pond deux œufs. Ceux-ci sont déposés sur un lit de gravier, et sont incubés 23 à 29 jours. Les jeunes quittent le nid à l’âge d’environ 5 semaines. Cet oiseau s’alimente d’organismes benthiques capturés en eau peu profonde (moins de 40 m). Le lançon, le Poulamon atlantique, le Capelan, les blennies, les sigouines et les invertébrés marins figurent à son menu. Le guillemot est présent dans l’estuaire tout l’hiver, mais son aire d’hivernage est mal connue.
Éparpillés sur un vaste territoire, les effectifs de cette espèce sont difficiles à recenser de façon précise sur l’ensemble de ses sites de nidification. Cependant, d’après les inventaires quinquennaux des oiseaux marins des refuges de la Côte-Nord, les populations de Guillemot à miroir de la Moyenne et la Basse-Côte-Nord ont atteint un sommet vers les années 1940 jusqu’à la fin des années 1960, puis ont décliné sensiblement dans les années 1970 et 1980. Par ailleurs la population semble se porter relativement bien actuellement dans l’ensemble du golfe du Saint-Laurent.
Guillemot de Brünnich
Nom latin : Uria lomvia | Nom anglais : Thick-billed Murre
Le Guillemot de Brünnich est particulièrement inféodé au milieu marin de l’Arctique où il niche en immenses colonies sur d’étroites corniches de falaises. Il niche également plus au sud dans certaines îles de la côte du Labrador et de Terre-Neuve ainsi que dans le golfe du Saint-Laurent. Tout comme la plupart des autres Alcidés, le Guillemot de Brünnich pond un seul œuf. Mâle et femelle alimenteront le jeune au nid pendant 21 jours. Bien que nous ne connaissons pas très bien le régime alimentaire de cette espèce dans le golfe du Saint-Laurent il est probable que ses proies préférées soient sensiblement les mêmes que le Guillemot marmette, soit le lançon et le Capelan. Toutefois, des études réalisées sur la côte du Labrador révèlent une proportion importante de Lompénie tâchetée dans leur régime alimentaire. Après la saison de nidification, les contingents de guillemots en provenance de l’Arctique canadien descendent le long de la côte du Labrador et de Terre-Neuve et séjourneront tout l’hiver à la limite de la banquise. Traditionnellement, on chasse le Guillemot de Brünnich vers la fin de l’automne et en hiver à ces endroits. Il s’agit d’une des rares espèces d’oiseaux marins qu’il est permis de chasser dans le cadre de la Convention concernant les oiseaux migrateurs.
Dans le golfe du Saint-Laurent nous connaissons un seul endroit où cette espèce niche régulièrement, soit au rocher aux Oiseaux, près des Îles-de-la-Madeleine. Il n’est pas facile de fournir une estimation et encore moins la tendance de cette population étant donné qu’elle niche en compagnie du Guillemot marmette qui lui ressemble, de l’inaccessibilité du site, et de l’absence d’inventaires exhaustifs réalisés à cet endroit. Cependant, l’espèce pourrait être en déclin au rocher aux Oiseaux, l’estimation d’environ 100 oiseaux nicheurs en 2012 étant dix fois plus petite que celle faite en 2000.
Guillemot marmette
Nom latin : Uria aalge | Nom anglais : Common Murre
Le Guillemot marmette se rencontre dans les mers de l’hémisphère Nord mais, par opposition à son congénère le Guillemot de Brünnich, il préfère les eaux libres de glaces. Sur certaines îles du golfe du Saint-Laurent il niche en colonie très dense sur les corniches étroites des falaises de même que dans des crevasses semi-abritées et des fissures profondes qu’ils pourront partager à l’occasion avec les Petits Pingouins. La femelle pond un seul œuf sur le roc et l’incubation sera partagée par les deux sexes pendant 33 jours. La moyenne du séjour au nid est d’environ 21 jours durant lesquels le mâle et la femelle nourriront le jeune avec du Capelan et parfois du lançon. Les poissons sont apportés un à la fois. Après la saison de nidification les populations du golfe du Saint-Laurent se déplaceront vers l’Atlantique et passeront l’hiver au large des côtes de Terre-Neuve.
Au Québec, le Guillemot marmette niche uniquement dans le golfe du Saint-Laurent. Il est particulièrement abondant à l’île Bonaventure avec plus de 20 000 couples, et dans le secteur des îles Sainte-Marie où également plus de 20 000 couples nichent en compagnie de plusieurs autres espèces d’Alcidés dont le Petit Pingouin et le Macareux moine. Les populations de Guillemot marmette du golfe du Saint-Laurent ont grandement récupéré dans les années 1970 et 1980. Néanmoins, les effectifs de la Basse-Côte-Nord sont encore nettement inférieurs aux niveaux de population rapportés par les naturalistes du 19e siècle. D’après les récits de ces derniers, environ 350 000 couples de Guillemot marmette nichaient dans cette région au début du 18e siècle. Le braconnage et les dérangements causés par l’homme auraient été à l’origine de ce déclin.
Macareux moine
Nom latin : Fratercula arctica | Nom anglais : Atlantic Puffin
Le gros bec très coloré de ce petit Alcidé lui a valu le nom de « perroquet de mer ». Sur les îles côtières, il construit son nid soit au fond d’un terrier creusé dans un talus humique, ou sous des éboulis de roches, ou encore dans les falaises. Le nid est garni quelques brins d’herbes, brindilles et plumes. L’unique œuf est incubé pendant 6 à 7 semaines, et le jeune quittera le nid après 6 semaines d’élevage. Le Macareux moine se nourrit principalement de lançon et de Capelan. Les adultes apportent au jeune plusieurs poissons à la fois en travers de leur bec. Ces oiseaux passent l’hiver en haute mer, probablement au large de Terre-Neuve.
Le Macareux moine figure parmi les oiseaux marins les plus abondants de l’Atlantique Nord. Au Canada, c’est à Terre-Neuve qu’on retrouve les plus grosses colonies. On ne compte qu’une vingtaine de colonies dans le Saint-Laurent, toutes situées dans le golfe, et plusieurs d’entre elles font partie du réseau des refuges d’oiseaux migrateurs du Service canadien de la faune. La taille des colonies est variable, mais depuis 1925 les colonies des refuges de la baie de Brador et de la baie des Loups ont toujours été les plus importantes au Québec. Les populations décimées dans les refuges de la Côte-Nord ont triplé entre 1977 et 1993, possiblement à cause de la protection accrue des refuges d’oiseaux migrateurs et d’une abondance de nourriture, mais sont à la baisse depuis.
Mouette rieuse
Nom latin : Chroicocephalus ridibundus | Nom anglais : Black-headed Gull
Cette espèce en provenance d’Europe est un ajout récent à l’avifaune nicheuse du Québec. Les zones côtières marécageuses et les terres basses entourant les grands bassins de l’intérieur du continent constituent l’habitat de prédilection de cette mouette en Europe. C’est une espèce essentiellement coloniale qui a tendance à nicher en compagnie de d’autres Laridés (sternes et goélands), ce qui est effectivement le cas de nos colonies du golfe du Saint-Laurent. La femelle pond 2 ou 3 œufs dans un nid fait d’amas de plantes sèches, et les jeunes peuvent voler à l’âge de 5 ou 6 semaines. Ses habitudes alimentaires variées semblent se rapprocher de celles du Goéland à bec cerclé : en plus de consommer insectes, poissons, vers de terre et petits fruits, cette mouette ne dédaigne pas fréquenter les sites d’enfouissement. En dehors de la période de reproduction, la Mouette rieuse s’observe occasionnellement ailleurs dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, et parfois même dans la portion fluviale.
Son aire de nidification comprend les régions d’Europe et d’Asie aux latitudes moyennes, et s’étend jusqu’aux zones subarctiques, sur les côtes comme à l’intérieur du continent. Très abondante en Europe, sa répartition est en expansion vers l’ouest : après avoir colonisé l’Islande au début du 20e siècle, on l’a ensuite rapportée nicheuse au Groenland, puis à Terre-Neuve, et récemment à plusieurs autres sites sur la côte est du Canada et du nord des États-Unis. Elle niche depuis 1981 dans le golfe du Saint-Laurent, où quelques couples se sont établis aux Îles-de-la-Madeleine et en quelques occasions dans l’archipel de Mingan.
Mouette tridactyle
Nom latin : Rissa tridactyla | Nom anglais : Black-legged Kittiwake
Les eaux du golfe et de l’estuaire accueillent la Mouette tridactyle pendant presque dix mois. Son retour à proximité des colonies se fait en mars alors que l’occupation permanente des falaises débute quelques semaines plus tard. L’espèce privilégie les étroites tablettes pour y construire son nid composé d’algues et de végétaux terrestres mélangés à de la boue. Selon la morphologie de la falaise, il est possible de voir des dizaines de nids alignées les uns près des autres et distants d’à peine 15 à 30 cm. Les œufs, au nombre de 1 à 3, sont incubés par les deux adultes environ 27 jours. Le régime alimentaire des poussins est varié mais le Lançon d’Amérique, le Capelan et les invertébrés sont les items les plus souvent apportés par les parents. Les jeunes acquièrent leur indépendance vers l’âge de 40 jours pour ensuite se disperser. Ils fréquentent alors tout comme les adultes, les eaux de l’estuaire et du golfe jusqu’à la prise des glaces qui les force à se diriger progressivement vers les côtes de Terre-Neuve et des provinces maritimes.
La population de Mouette tridactyle a connu un essor démographique important entre 1974 et 1991 en doublant ses effectifs. Au cours de cette période, on a observé un accroissement annuel plus rapide dans les petites colonies que dans les plus importantes comme celles de l’île Bonaventure et de la falaise aux Goélands (île d’Anticosti). C’est aussi à cette époque que l’on a observé la colonisation de plusieurs îles de l’estuaire par l’espèce. Par contre, depuis la fin des années 1980, l’espèce a décliné et actuellement la population totale du Québec est évaluée environ 50 000 couples, dont près de la moitié se retrouve en Gaspésie.
Océanite cul-blanc
Nom latin : Oceanodroma leucorhoa | Nom anglais : Leach’s Storm-Petrell
Cette espèce se rencontre dans les eaux du golfe Saint-Laurent à l’île Bonaventure, le long de la Côte-Nord à partir de Sept-Îles et autour du plateau madelinien. Elle niche sur des îles, en colonies souvent très importantes regroupant des milliers voire des millions de couples. Le nid consiste en une chambre, parfois tapissée de quelques brindilles, située au fond d’un étroit terrier creusé dans la matière organique par le mâle. Selon les colonies, les terriers se retrouvent sous les taillis de conifères, les lieux occupés par les framboises ou dans les prairies ouvertes. L’unique œuf est incubé alternativement par les adultes pendant 38 à 46 jours selon des séquences pouvant dépasser 48 heures. La nourriture apportée à l’oisillon se compose de crustacées planctoniques, de gouttelettes d’huile et de petits poissons prélevés loin en haute mer. Le jeune sera astreint à ce régime pendant les quelques 65 jours de son élevage. La nidification se termine au mois de septembre après quoi les oiseaux entreprennent leur migration vers leur quartier d’hivernage situé dans l’Atlantique à la latitude de l’Afrique et du Brésil.
Bien qu’on ait déjà confirmé la présence d’au moins 6 colonies de cette espèce sur le territoire québécois, seulement trois sont assurément toujours actives aujourd’hui. La plus importante est celle de l’île du Corossol (Côte-Nord), qui a déjà compté plus de 800 couples nicheurs (en 1993), mais qui a beaucoup diminué depuis. Deux autres petites colonies (où les nombres de nicheurs sont très difficiles à estimer) subsistent à l’île Bonaventure (Gaspésie) et à l’île Brion (Îles-de-la-Madeleine); mais la présence de renards à ces deux sites pourrait nuire à la persistance à long terme de ces colonies. L’activité de ces oiseaux étant essentiellement nocturne aux colonies, d’autres petites colonies pourraient passer inaperçues, en particulier sur la Côte-Nord.
Petit pingouin
Nom latin : Alca torda | Nom anglais : Razorbill
Cet Alcidé est largement réparti sur les côtes tempérées et boréales de l’Atlantique Nord. Cousin du Grand Pingouin aujourd’hui disparu, il ne doit pas être confondu avec les membres de la famille des manchots (appelés « penguins » en anglais), qui ne savent pas voler et qu’on retrouve dans l’hémisphère Sud. Sur les îles de l’estuaire et du golfe, les sites de nidification du Petit Pingouin sont les fissures profondes et les éboulis de roches, ainsi que les corniches de falaises. Quelques cailloux et plus rarement des végétaux composent le nid rudimentaire, et plus souvent qu’autrement l’unique œuf est pondu directement sur la roche. L’incubation demandera environ 5 semaines. Le séjour du jeune au nid est d’environ 18 jours, et au moment de prendre la mer accompagné d’un de ses parents (le mâle), son poids n’est que le tiers de celui d’un adulte. Il lui faudra encore deux mois pour atteindre la taille adulte et le développement complet de ses plumes. Le lançon et le Capelan constituent l’essentiel de l’alimentation du Petit Pingouin. Nos oiseaux hivernent au large de la côte est de l’Amérique du Nord.
Dans l’estuaire, il est particulièrement abondant sur les îles face à Rivière-du-Loup, mais niche aussi loin en amont qu’en face de Saint-Jean-Port-Joli. Il est mieux réparti et plus abondant dans le golfe, particulièrement sur la Côte-Nord. Les colonies importantes comme celle du refuge des îles Sainte-Marie sont en fait un regroupement de colonies adjacentes, car une colonie compte rarement plus d’une vingtaine de couples. Les nombres de nicheurs sur la Côte-Nord ont subi un important déclin entre les années 1960 et 1970, mais l’espèce est en augmentation partout au Québec depuis.
Plongeon catmarin
Nom latin : Gavia stellata | Nom anglais : Red-throated Loon
Cette espèce holarctique utilise au cours de sa migration printanière l’estuaire du Saint-Laurent mais son territoire de nidification occupe la Basse-Côte-Nord à partir de l’archipel de Mingan. Il niche, en couple isolé, sur de petits lacs généralement situés sur des îles côtières et plus rarement à l’intérieur des terres. Le nid, construit à proximité de l’eau, est une plate-forme à peine surélevée. Les adultes se partagent l’incubation des œufs, généralement au nombre de deux, pendant une période moyenne de 27 jours. Contrairement aux autres espèces de Gaviidés, le Plongeon catmarin recherche sa nourriture et celle des de ses jeunes dans les eaux marines et non dans le lac où il se reproduit. Son régime alimentaire se compose de lançons, de capelans et de sigouines. La présence du Plongeon catmarin en hiver est exceptionnelle. On croit que l’espèce se disperse le long de la côte atlantique, de Terre-Neuve au New Jersey.
Les plus récentes informations suggèrent une stabilité de la population nicheuse dans le golfe du Saint-Laurent. Le secteur de la baie des Loups aux îles Sainte-Marie, située à l’ouest d’Harrington Harbour, est sans nul doute la zone où l’on rencontre la plus importante concentration de cette espèce dans le golfe.
Sternes
Ce terme général désigne ici la Sterne pierregarin et la Sterne arctique. Ces deux espèces étant très semblables, les méthodes d’inventaire utilisées (ex : inventaire aérien) et parfois des contraintes de temps rendent difficile la tâche de distinguer la Sterne pierregarin de la Sterne arctique, et en particulier de déterminer les proportions de ces deux espèces dans des colonies qui peuvent être mixtes. C’est pourquoi les données d’inventaires regroupent souvent ces deux espèces sous le vocable « sternes sp. », par exemple lors des recensements sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine. On a déjà évalué que la proportion de Sterne arctique était d’environ 5% dans l’archipel de Mingan et de 3% aux Îles-de-la-Madeleine, mais la précision et la fiabilité de ces estimations ne sont pas connues.
Sterne pierregarin
Nom latin : Sterna hirundo | Nom anglais : Common Tern
En période de nidification, la Sterne pierregarin occupe l’hémisphère Nord, particulièrement la zone boréale, et fréquente les eaux côtières tropicales en hiver. Dans le golfe du Saint-Laurent, elle niche sur des îles côtières basses, des îles sablonneuses telles qu’aux Îles-de-la-Madeleine et sur des presqu’îles de barachois. A noter le petit nombre de Sternes pierregarins dans l’estuaire du Saint-Laurent. On retrouve aussi quelques colonies dans la portion fluviale du Saint-Laurent, surtout dans la région de Montréal. Elle niche également à l’intérieur des terres sur les îlots des nombreux lacs mais les colonies sont habituellement constituées de quelques couples seulement. La femelle pond généralement 2 ou 3 œufs et la période d’incubation qui sera assurée surtout par la femelle durera entre 21 et 27 jours selon les cas. Par la suite mâle et femelle nourriront les jeunes pendant environ 25 jours avec du Capelan et du Lançon d’Amérique (en milieu marin), surtout si les sites de nidification sont localisés loin de la côte. Par contre les couples qui nichent dans les lagunes ou sur les presqu’îles apporteront également des épinoches et des Éperlans arc-en-ciel qui sont des espèces caractéristiques des eaux lagunaires et de certains estuaires de rivières, respectivement.
Les plus grosses concentrations de Sterne pierregarin au Québec se retrouvent dans réserve de parc national du Canada de l’Archipel-de-Mingan (environ 3 000-4 000 couples) et aux Îles-de-la-Madeleine (environ 2 500 couples) ; on y dénombre plusieurs colonies regroupant plus d’une centaine d’individus. Les populations nicheuses de Sterne pierregarin sont relativement stables depuis 1990 aux Îles-de-la-Madeleine, tandis que dans la région de l’archipel de Mingan une augmentation a été constatée depuis la fin des années 1970. Sa cohabitation avec la Sterne arctique qui lui ressemble sur plusieurs points n’apporte pas toute la précision désirée lors des inventaires réalisés par le Service canadien de la faune. Sur la Côte-Nord et aux Îles-de-la-Madeleine, les résultats sont souvent rapportés sous le vocable « sternes » ce qui ne permet pas de discriminer entre les deux espèces. La population totale de Sterne pierregarin dans la portion fluviale, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent serait actuellement de l’ordre de 12 000 couples.
Sterne arctique
Nom latin : Sterna paradisaea | Nom anglais : Artic Tern
L’aire de nidification de la Sterne arctique est circumpolaire. Au Québec, elle niche en petit nombre à l’intérieur des terres au-delà du 50e parallèle et forme des colonies plus importantes le long des côtes de la baie James et de la baie d’Hudson ainsi que sur la Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent et aux Îles-de-la-Madeleine. Les Sternes arctiques sont reconnues pour effectuer de longues migrations les entraînant jusque dans l’Antarctique. Dans leur périple aller-retour, elles auront parcouru plus de 35 000 kilomètres. Sur la Basse-Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent, les Sternes arctiques occupent souvent les îles basses et couvertes d’un tapis de lichens et de Camarines noires qu’elles partageront avec les Sternes pierregarins à qui elles ressemblent à plusieurs points de vue. La femelle pond entre 1 et 3 œufs et l’incubation durera de 20 à 24 jours selon les couples. Pendant 24 jours les jeunes seront nourris par le mâle et la femelle, et leur régime alimentaire sera très semblable à celui de la Sterne pierregarin. Bien que l’alimentation soit composée principalement de Capelan et de lançon on note une proportion non négligeable d’invertébrés marins tels que les euphausides et les gammares.
Il est difficile d’estimer avec précision la taille et la tendance de la population nicheuse de la Sterne arctique dans le golfe du Saint-Laurent, puisque sur la Côte-Nord et aux Îles de la Madeleine on la retrouve souvent en colonies mixtes avec la Sterne pierregarin. Lors des inventaires de ces colonies, on regroupe souvent les données sous le vocable « sternes sp. » sans préciser l’espèce (voir le texte « Sternes »). Il semblerait néanmoins que les plus importantes colonies du golfe du Saint-Laurent soient situées dans l’archipel de Mingan, avec plus de 600 couples.
Sterne caspienne
Nom latin : Hydroprogne caspia | Nom anglais : Caspian Tern
Bien que la Sterne caspienne ait une distribution cosmopolite, son aire de nidification connue au Québec se limite à un seul site régulier. Habituellement coloniale, elle peut parfois nicher en couple isolé mais aussi côtoyer les Sternes pierregarin et les Goélands à bec cerclé pour former des colonies. La femelle pond de 1 à 4 œufs, la durée de l’incubation varie de 20 à 27 jours et les jeunes mettront de 30 à 35 jours avant de prendre leur premier envol. Dans la région des Grands Lacs, les principales proies sont le Gaspareau et l’Éperlan arc-en-ciel. On a déjà signalé des Perchaudes et des Crapets de roche. Nous ne connaissons pas les habitudes alimentaires de la Sterne caspienne qui niche dans le golfe du Saint-Laurent. A l’automne, les Sternes caspiennes qui nichent dans les Grands Lacs se dispersent le long de la côte atlantique et passeront l’hiver sur les côtes du golfe du Mexique et dans les îles de la mer des Caraïbes.
L’espèce a été trouvée nicheuse récemment dans la région de Montréal, mais il n’y a qu’un seul site où elle niche régulièrement au Québec, soit le refuge d’oiseaux migrateurs de l’île à la Brume situé sur la Basse-Côte-Nord. Les relevés d’effectifs d’oiseaux marins qui y sont effectués depuis 1925 révèlent que la taille de cette colonie (qui a déjà accueilli 45 couples en 1930 et 1945) a considérablement diminué, et que l’espèce n’y niche maintenant que de façon sporadique.
Sterne de Dougall
Nom latin : Sterna dougallii | Nom anglais : Roseate Tern
La Sterne de Dougall est une espèce marine retrouvée sur tous les continents, mais en Amérique du Nord on en compte moins de 4 000 couples, tous répartis le long de la côte est. Rare au Canada avec environ 200 individus matures, elle est classée parmi les oiseaux menacés depuis 1986 et son statut actuel en est un d’espèce en voie de disparition. Ce n’est pas avant 1972 qu’on a découvert sa présence au Québec, aux Îles-de-la-Madeleine. Il faut dire qu’à cet endroit la Sterne de Dougall niche en très petits nombres (moins de 8 oiseaux au total) au sein des grosses colonies de Sternes pierregarins et arctiques, et que ces trois espèces se ressemblent beaucoup. On remarque surtout le bec presque tout noir et le manteau d’un gris plus pâle de la Sterne de Dougall. Généralement, le nid de cette sterne est mieux dissimulé sous la végétation que chez ses consoeurs, et il contient 1 ou 2 œufs. La période d’incubation et l’élevage des jeunes jusqu’à l’envol durent tous les deux 23 jours en moyenne. Par ailleurs les parents s’occupent des jeunes jusqu’à l’âge d’au moins 8 semaines. Le régime alimentaire est probablement surtout composé de petits poissons et doit ressembler à celui des autres sternes.
On ne sait pas depuis quand la Sterne de Dougall niche aux Îles-de-la-Madeleine. Lorsqu’elle fut trouvée en 1972, on avait repéré 13 oiseaux, mais depuis on a toujours retrouvé entre 1 et 8 oiseaux à chaque année durant la période de reproduction.