Algues – Information sur les données
Méthodologie
L’objectif principal du projet était d’obtenir une plateforme Internet permettant l’affichage de la distribution de diverses espèces d’algues marines et de permettre la consultation des données par les utilisateurs du domaine de la recherche, de l’industrie et par les gestionnaires de la ressource.Dans le cas des données historiques, les jeux de données ont été obtenus en cherchant dans les publications et dans les archives des chercheurs. Dans le cas des données récentes, les chercheurs et leurs étudiants gradués ainsi que les organisations qui ont réalisé des inventaires de macroalgues ont été contactés directement et ont gracieusement fourni leurs données (Tableau 1).
Tableau 1. Liste des sources et fournisseurs de données et les caractéristiques des principaux jeux de données.
Fournisseur | Type de données | Espèce(s) | Année(s) | Site(s) | Référence | Contact |
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Dr Mathieu Cusson (UQAC) | % couverture | Toutes | 2010-2013 | Côte-Nord, Sainte-Flavie | Mathieu Cusson | |
Dr Ladd Johnson (ULaval) | Biomasse | Laminaires | 2012-2013 | Îles Mingan | Thew Suskiewicz | |
AMIK | Densité, biomasse | Fucales | 2011-2012 | Côte-Nord | Rapport | Soazig Le Breton |
Louise Gendron (MAPAQ) | Densité, biomasse | Laminaires | 1981 | Baie-des-Chaleurs | Rapport | Louise Gendron |
André Cardinal | Présence | Toutes | 1960-1971 | Estuaire et golfe Saint-Laurent | Rapports et articles publiés | Anissa Merzouk |
Marcelle Gauvreau | Présence | Toutes | 1934-1939 | Estuaire et golfe Saint-Laurent | Thèse et rapport | Anissa Merzouk |
Plongeurs | Présence | Laminaires, Fucales | 2010-2013 | Estuaire et golfe Saint-Laurent | Questionnaire | Éric Tamigneaux |
Les données issues des archives ou d’articles publiés avant 2000 ont été entrées manuellement dans des fichiers Excel tandis que les données plus récentes ont été obtenues directement dans ce format par chacun des fournisseurs. Les données ont ensuite été uniformisées et compilées en deux grands fichiers : un fichier qualitatif rassemblant les listes d’espèces (présence) et un fichier quantitatif regroupant toutes les données d’abondance (densités, biomasses, % couverture, etc.) ainsi que les paramètres associés (substrat, faune) lorsqu’ils étaient disponibles. Ces données sont maintenant diffusées dans l’application Biodiversité de l’OGSL, cependant une partie des données quantitatives n’est pas disponible directement dans cette application mais peut être accessible en contactant Éric Tamigneaux chez Merinov.
Échantillonnage
Concernant la récolte des données sur le terrain, dans la majorité des travaux consultés, les données sur l’abondance des algues brunes ont été obtenues en utilisant la méthode des transects et des quadrats (Béland, 2012, Hurd et collègues, 2014; Côté-Laurin et Tamigneaux, 2016). Pour les champs d’algues de l’étage médiolittoral, les mesures ont été faites par des opérateurs circulant à pied sur les battures, à marée basse, tandis que, dans les travaux d’inventaire des champs d’algues brunes de l’étage infralittoral constamment immergés, les quadrats ont été réalisés en plongée sous-marine.
Résultats
Pour les deux grands groupes d’algues et les 8 espèces mentionnées au Tableau 2 ci-dessus, la banque de données comprend près de 3000 éléments et couvre un territoire allant de l’île d’Orléans à l’Île Anticosti et aux Îles-de-la-Madeleine. Parmi ceux-ci, 2660 éléments proviennent de quadrats possédant des valeurs quantitatives d’abondance pour plusieurs espèces ainsi que des informations sur le substrat et la communauté associée à la population d’algues.
L’examen de la banque de données indique d’abord que les inventaires floristiques effectués dans les années 1930 par Gauvreau et dans les années 1960 par Cardinal ont bien couvert les différentes zones côtières du Québec (rives nord et sud de l’estuaire maritime, moyenne Côte-Nord, Gaspésie, Îles-de-la Madeleine) (Merzouk, 2016). Par contre, les informations issues des années 1980, 1990 et 2000 sont plus rares et lacunaires. Aussi, aucune donnée n’a pu être trouvée pour les côtes de l’île d’Anticosti et pour la rive nord de la péninsule gaspésienne entre Matane et Gaspé. De façon générale, mis à part les inventaires complets réalisés par l’AMIK entre Les Escoumins et Sept-Îles en 2012, il manque d’information récente sur l’extension, la composition et la biomasse des champs d’algues. Pour faciliter les inventaires au Québec, des travaux sont actuellement en cours pour tester des méthodes de cartographie des champs d’algues utilisant des capteurs optiques aéroportés ou des sondeuses acoustiques (voir section Références : Perrot 2015; Grant et collègues, 2015).
Plusieurs des zones inventoriées en Gaspésie, sur la Côte-Nord et dans le Bas-St-Laurent montrent que les biomasses d’algues brunes se comparent avantageusement à celles observées dans les provinces Maritimes et en Europe et sont suffisantes (≥ 2 kg m-2) pour supporter une exploitation commerciale. Pour l’ascophylle noueuse par exemple, des biomasses de 3,5 à 12 kg m-2 ont été rapportées sur la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent et des biomasses de 1 à 16 kg m-2 ont été rapportées sur la rive nord de l’estuaire du Saint-Laurent.
À certains endroits, comme aux Îles Mingan, la comparaison entre les données récentes et les données historiques montrent que les biomasses et la composition des champs de laminaires sont restées stables dans le temps. À l’inverse, dans le Bas-Saint-Laurent des informations anecdotiques indiquent que, si les herbiers de fucales se maintiennent dans le temps, les forêts de laminaires sont en déclin ou sont disparues de plusieurs sites. Les données qui présentaient la plus haute qualité et la meilleure couverture spatiale sont les plus récentes (post-2010) et elles incluent des données quantitatives (densités et biomasses) de fucales et de laminaires.